La fondation ICI, avec l’appui de The Hershey Company, mène un projet visant à développer et tester des approches innovantes et efficaces pour répondre au défi de l'exposition des enfants aux pesticides dans les zones de production de cacao. Ce projet comprend diverses initiatives, dont un atelier sur la thématique « mieux protéger les enfants contre les risques liés aux pesticides », la recherche pour mieux comprendre les défis, et les activités de sensibilisation en communautés.
L’atelier, qui s’est tenu à Yamoussoukro le 11 au 12 septembre dernier, a réuni des acteurs engagés dans la lutte contre le travail des enfants, et des spécialistes de la santé environnementale et de l’agriculture, pour partager leur expérience, élargir la compréhension des risques que posent les pesticides dans le quotidien des enfants, de prendre conscience de l’ampleur du défi, et d’identifier des opportunités pour des interventions.
"Bien que les pesticides aident à protéger les végétaux tel que le cacao, il est important de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les enfants contre les dangers de ces produits. C’est une action qui se doit d’être collective, et doit impliquer tous les acteurs du secteur agricole, tous les acteurs du gouvernement et tous les acteurs de la société civile.”
Ouffouet Raïssa, Sous-directrice chargée de la législation a la Direction de la lutte contre le travail des enfants, participante a l’atelier tenu à Yammoussoukro. Écoutez d'autres témoignages dans cette vidéo.
Du constat observé, l’utilisation de produits phytosanitaires dans la cacaoculture en Côte d'Ivoire au cours de la dernière décennie, avec l'exposition des enfants aux pesticides, a connu une ascension. Il constitut à ce jour un problème primordial dans le secteur. Selon l'étude NORC (2020), la proportion d'enfants exposés aux produits phytosanitaires dans les zones de culture du cacao au Ghana et en Côte d'Ivoire a été multipliée par cinq environ entre 2008/09 et 2018/19, passant de 5 % à 24 %.
“Il y a eu des interventions assez intéressantes et constructives a l’atelier qui donnent foi que dans la suite, il y aura certainement une inversion de la tendance qu’on a pu observer ces dernières années.”
Bah Boni, Sous-Directeur de la protection des cultures au Ministère de l’Agriculture, participant à l’atelier tenu à Yamoussoukro. Écoutez d'autres témoignages dans cette vidéo.
Fort de ce fait, ICI a d’abord essayé de mieux comprendre le niveau de connaissances sur les risques sanitaires liés aux pesticides auprès des producteurs de cacao, leurs familles et des prestataires de services de pulvérisation. Il en ressort que les producteurs, malgré le bon niveau de connaissance sur la vulnérabilité des enfants aux risques liés aux pesticides ne le traduisent pas en pratiques. Les femmes pour leur part ont nettement moins d’accès aux formations sur l'utilisation responsable des pesticides et les enfants quant à eux, sont exposés non seulement pendant la pulvérisation, mais aussi lors de l'achat, le nettoyage du matériel de pulvérisation et à la maison (stockage, plantations traitées à proximité de la résidence).
Pour y remédier, ICI a élaboré et testé deux activités dans 10 communautés. Il s‘agit de formations sur les risques sanitaires liés aux pesticides adressés aux membres d’Association Villageoise d’Epargne et de Crédits (AVEC) (pour mieux sensibiliser les femmes qui sont souvent membres de ces groupes) et aux Groupements de Services Communautaires (GSC) déjà actifs. Ces groupes sont composés d'adultes formés et équipés qui fournissent des services agricoles à un prix abordable. En formant les GSC, la fondation souhaite que chaque membre devienne un « ambassadeur » de la protection des enfants contre les pesticides. Ces deux activités de formation ont été élaborées et implémentées en étroite collaboration avec l’ANADER (Agence Nationale d’Appui au Développement Rural) et Participatory Development Associates, une organisation Ghanéenne spécialisée dans l’utilisation de méthodologies participatives dans la mise en œuvre de projets de développement communautaire.
“Nous avons suggéré dans un premier temps, que ce soit de la sensibilisation. Si les parents qui sont les premiers contacts des enfants ne sont pas sensibilisés à les protéger, les enfants seront toujours les victimes des mauvais comportements”
Traoré Brahima, Représentant de CropLife Afrique et Moyen Orient, participant à l’atelier tenu à Yamoussoukro. Écoutez d'autres témoignages dans cette vidéo.
L'objectif de ce projet pilote est d'évaluer le succès de ces activités, d'apporter les ajustements nécessaires pour les améliorer, avant d'étudier la manière dont l'approche pourrait être étendue à un plus grand nombre de communautés.