Inciter les femmes à être autonomes tout en diversifiant leurs activités à travers la culture hors sol de tomates. C’est l’élément incitateur de ce projet pilote innovateur de la fondation ICI financé par Nestlé. Il a été mis en place en raison du dynamisme des 4 Cellules Féminines de Renforcement Economique (CFREC) existantes et il regroupe 120 femmes d’Ahondo (12km de Taabo) reparties par groupe de 30. A cet effet, une serre de 150m2 a été construite et deux techniciens sont chargés de les former durant un trimestre.
Les femmes ont débuté avec l’apprentissage de la mise en place d’une pépinière le mois dernier, aidées de leurs professeurs. Elles ont ainsi procédé, quelques semaines plus tard, au repiquage des plants de tomates, suivi de l’arrosage. La technique est effectuée dans près de 600 seaux de 7 litres, légèrement perforés et alimentés à partir du système goutte à goutte du château d’eau installé sur le site et tirant sa source du fleuve Bandama, proche de l’espace. Ces plants resteront ainsi durant deux mois et permettront aux 120 apprenantes d’avoir une meilleure connaissance dans le domaine. En optant pour la culture hors sol, les femmes participent également à la préservation de l’environnement dans les zones cacaoyères en économisant l’eau et moins d’espace. Cela, pour une rentabilité plus rapide que la culture traditionnelle.
N’guessan Akissi Léa, Koffi Brou Caroline et Koffi Niamké Alida sont issues des différentes CFREC, groupements de femmes et Dual Nestlé (une activité de développement communautaire de Nestlé). Elles ont confié leur impression sur ce projet innovant et l’impact qu’il aura dans leur vie quotidienne et sur leur ménage.
« Je me suis investie dans cette activité pour pouvoir aider mon mari et suivre les enfants de près, m’occuper d’eux. Je suis fière d’être dans ce programme ; je suis sûre que grâce à ce projet, mes enfants vont réussir demain », a confié, N’guessan Akissi Léa, présidente de Dual Nestlé et mère de 5 enfants. Même assertion émise par Koffi Brou Caroline, présidente des femmes d’Ahondo. Pour elle, le choix de la tomate s’explique par le fait qu’il s’agit d’« une denrée de première nécessité périssable ». C’est la raison pour laquelle, elles sont toutes assidues et maitrisent, à ce jour, la mise en place d’une pépinière et depuis peu le repiquage.
Au-delà- de la culture hors sol
S’il est vrai que la formation porte sur la culture hors sol de tomate, il n’en demeure pas moins que les femmes, aussi dynamiques qu’elles sont, ont décidé de leurs propres initiatives de mettre à profit l’espace qu’elles ont obtenu, en y cultivant d’autres produits. En effet, la laitue et le gombo ont également été cultivés et les apprenantes bénéficient toujours de l’appui technique des techniciens du projet. Comme l’a souligné M. Konan N’guessan Vincent, le responsable de la formation : « les femmes sont motivées, elles souhaitent que cette phase expérimentale réussisse et que le site soit multiplié » parce qu’elles soient « conscientes d’être très nombreuses et du fait que cet abri est insuffisant pour toutes », a-t-il affirmé.
De cette culture doit sortir une demi-tonne de tomates qui seront commercialisées. Les bénéfices devront permettre aux femmes, en plus des autres cultures produites, d’avoir des revenus conséquents. Ces revenus leur permettront soit de les réinvestir pour agrandir le site, soit de subvenir aux charges familiales ou encore d’utiliser une partie dans le cadre de l’éducation de leurs enfants. « Je sais maintenant comment planter des tomates. Je sais que ça va me rapporter demain et me permettre de m’occuper de mes enfants », a fait savoir N’guessan Akissi Léa. Pour la commercialisation, les dames ont fait des prospections et ont une clientèle en attente de la production, puis de la livraison de leurs denrées. « On a déjà commencé à chercher des marchés. Nous avons eu quelques clients », a confié Koffi Brou Caroline, qui se dit impatiente de voir le fruit de leurs efforts.
Le projet, qui est à sa phase pilote, concerne également 30 femmes de la communauté de Bécédi-Brignan (département d’Adzopé). A long terme, le projet vise à accentuer l’autonomisation des femmes dans les communautés cacaoyères et à réduire le travail des enfants en fournissant un revenu supplémentaire pour soutenir l'éducation des enfants.