A l’école primaire publique Biakou 3 en classe de CP1, sont présents Eric et Dominique Kambou, deux frères qui ont participé un an auparavant aux activités du Centre Ami des Enfants (CAE) sous la supervision d’animateurs spécialisés. Ils n’ont pas fait la classe maternelle, mais leur éveil au CAE a suscité leur intégration en classe de CP1 l’année suivante. Pour confirmer que les animateurs ont fait un excellent choix en les intégrant dans le système scolaire formel, ils se font également remarquer positivement en classe.
Eric et Dominique font partie des 10 premiers de la classe de CP1. A la première composition, Eric a été le 1er de la classe, avec 7 de moyenne sur 10, et Dominique 7è avec 6 de moyenne. « Leur niveau de langue est bon et Eric écrit particulièrement bien », nous a confié toute fière leur maitresse, dame Yao Akissi Marie Johanne. Tenant une classe de 55 élèves, elle a pris fonction il y a juste quelques mois après une permutation. Elle explique, par la suite, que son intérêt pour le CAE est venu de ces deux enfants, qui en plus d’être éveillés « chantent toujours les chansons du CAE quand on leur demande d’entonner une chanson à la composition ».
Ce nouvel univers pour Eric et Dominique est loin d’être un espace étranger pour eux, dans la mesure où ils s’y étaient presque qu’habitués, en raison de la proximité du CAE avec l’école primaire. Interrogés sur leurs sentiments quant à leurs scolarisations, ils affirment être heureux. « Je suis content de venir à l’école parce que je vais apprendre à lire et à écrire », nous a fait savoir Eric qui par la suite a affirmé qu’il achètera plus tard une voiture quand il sera grand, signe pour lui d’une réussite et d’une bonne position sociale.
A l’image de ces deux enfants, qui ont intégré cette année le système scolaire normal à Biakou, le CAE a beaucoup apporté dans l’éveil des enfants de la communauté. Pour beaucoup d’entre eux, le CAE a été une source de motivation pour reprendre les cours après un abandon il y a quelques années. C’est le cas de Gnézélé Déborah, une jeune fille de 14 ans, qui avait abandonné les études à Abidjan. A Biakou, chez ses grands-parents où elle vit, elle a, dès le début de la mise en œuvre du CAE, fréquenté ledit centre, lieu où elle a beaucoup appris. Si bien qu’elle a fait comprendre à ses animateurs et à ses grands-parents, à un moment donné, qu’elle souhaitait reprendre le chemin de l’école. « Au CAE, les animateurs nous aident à partir à l’école. Mes amis m’expliquaient aussi comment cela se passe à l’école de Biakou», nous a confié Déborah qui, aujourd’hui, est inscrite en classe de CE2. Déborah a un objectif : aller à l’école et apprendre. Cela, malgré le fait qu’elle reçoit des railleries de certains élèves à l’école, en raison de son âge avancé. « Quand je pars à l’école et que certains se moquent de moi, je ne m’en occupe pas. Tout ce qui m’intéresse, c’est aller à l’école et apprendre », a-t-elle affirmé.
Le Directeur de son école, M. Konan Koffi Emile, par ailleurs son enseignant, nous a assuré, de la volonté de son élève d’apprendre malgré les difficultés : « Déborah est assidue. Elle a fait 3 ans sans aller à l’école, mais je note chez elle une volonté d’apprendre. Elle a juste besoin d’un encadrement », a-t-il affirmé. Pour l’y encourager, la fondation ICI lui a offert un kit scolaire comprenant des livres et un appui financier pour acheter ses tenues scolaires. Le CAE a donc eu un impact positif sur les enfants de Biakou. « J’ai été impressionné par les enfants lors de la commémoration de la journée internationale des droits de l’enfant. Ils étaient dégourdis. Ils ont fait de très bonnes lectures et j’en ai été fier », a-t-il dit.
Le CAE est un espace d’apprentissage permettant aux enfants des communautés cacaoyères de s’exprimer à travers l’art et différents jeux, tout en développant leurs compétences au sein de la communauté. Il été installé comme projet pilote en Côte d’Ivoire dans 3 communautés (Biakou,Téady et Belle ville) dans le cadre des approches novatrices pour lutter contre le travail des enfants.