Le 4 mars dernier la fondation International Cocoa Initiative (ICI), Ecom et les coopératives ECACOM et CAPO, ont procédé de manière conjointe à l’inauguration de deux écoles dans des communautés cacaoyères de Côte d’Ivoire. L’une située à Quartier Soleil, à 77 km de Soubré et à 33 km piste de Méagui et l’autre à Sérigbangan (à 84 km de Méagui).
« On n’aime pas l’ancienne école. Elle est vilaine et il fait chaud. Quand il pleut, on ne va pas à l’école, car la pluie nous mouille ». C’est en ces termes que Yao Amoin Aude Flora Yasmine et son frère jumeau, Yao Kouamé Prince d’Avila, tous deux âgés de 6 ans et en classe de CP1, ont exprimé leur sentiment sur leur ancienne école, située à l’entrée du village, au quartier Soleil. Fréquenter dans cette école de fortune était une chance pour ces jumeaux dont le père est producteur de cacao. En effet, les moins chanceux devaient parcourir avec ou sans l’aide de leurs parents 14 km par jour pour se rendre à Kakadjekro, un campement voisin disposant d’une école formelle. « On accompagnait les enfants chaque jour. Il y a un fleuve à traverser. Quand l’eau monte, il faut aller aider les enfants. Mon fils (NDLR : le grand frère des jumeaux) a failli mourir. Il est tombé dans l’eau. Ce sont ses amis qui l’ont sauvé », nous raconte encore ému le père des jumeaux, Yao Koffi Abdramane. C’est donc suite à tous ces risques qu’il a préféré garder les plus petits dans cette école de fortune, sise au Quartier soleil. Une information également confirmée par Somanda Kasséré, père de Somanda Walilou, élève en classe de CM1 et âgé de 12 ans. « Les enfants partaient à l’école dans le campement souvent sous la pluie. Ils se réveillaient à 5h du matin pour s’apprêter et y aller », nous a-t-il affirmé. Les mères, quant à elles, nous ont informés qu’elles étaient constamment inquiètes. Car bien souvent, les enfants ne prenaient pas le petit-déjeuner au risque d’être en retard à l’école. Pire, ils devaient traverser le pont de fortune à cause du fleuve.
L’implication du CPE et du chef de village
Conscients de tous ces dangers auxquels devaient faire face au quotidien les enfants, le chef du village du quartier Soleil, Feu Yobouet Akpoué Laurent, s’est personnellement impliqué pour la mise en place du Comité de Protection de l’Enfant (CPE) et de la mise en œuvre du Plan d’Action Communautaire (PAC). Un plan dans lequel figurait la construction de l’école Ago Ange Innocent et Zongo Mady, respectivement secrétaire et membre du CPE ont indiqué qu’il fallut convaincre les parents de faire inscrire leurs enfants à l’école et faire en sorte que la communauté s’implique dans les travaux de construction de l’école. Des actions dont ils sont fiers et qu’ils portent en hommage au chef du village, décédé l’an dernier. « Mon frère a voulu que l’école soit inaugurée, mais les contrôles qui étaient faits sur les travaux ont retardé l’inauguration et il n’est plus en vie. L’inauguration n’a pas pu se faire en sa présence, mais nous savons qu’il est content et nous sommes fiers », a dit, Adou N’Guessan Norbert, le représentant du défunt chef.
L’impact de la nouvelle école sur la communauté
La construction de l’école par ICI à Quartier soleil, avec l’appui financier d’ECOM, est un grand soulagement aussi bien pour les parents que pour les enfants. En effet, elle va permettre à bon nombre d’enfants de fréquenter au sein de leur communauté et donc de ne plus parcourir 14 km par jour pour aller à l’école à Kakadjekro. « Avant, on se réveillait à 5h du matin. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, avec la proximité de l’école, ils se réveillent à 6h, prennent leur petit-déjeuner avant d’aller à l’école. Nous ne sommes plus inquiètes », a confié Kouassi Amoin Salimata, la mère des jumeaux, toute heureuse. Une joie partagée par Somanda Kasséré, qui a déclaré ceci : « ICI, ECOM et ECACOM nous ont donné une belle école. Certains d’entre nous n’y croyaient pas. Voilà, l’école est là et nous ne savons pas quoi dire pour les remercier ».
Contrairement à Quartier soleil, Sérigbangan est déjà inscrite sur la carte scolaire. Elle a également bénéficié d’une salle de trois classes et d’un bureau de directeur. Les populations des deux communautés, quartier Soleil et Sérigbangan ont donc reçu les clés des écoles en présence du Sous-préfet, M. Koné Abou Bakary, du représentant d’ECOM, M. N’Guettia Kouassi Aristide, du représentant de la coopérative Ecacom, Mlle Kouamé Aya Hélène, de celui de la coopérative CAPO, M. Bamogo Moumouni, de M. Yobouet Kouassi Alphonse, Inspecteur de l’Enseignement Primaire Publique et du délégué régional de la Nawa du Conseil café cacao, M. Fadiga Dèye.