Il y a des signes encourageants de progrès dans la lutte contre le travail des enfants dans la production de cacao. Cependant, l’enjeu reste de taille et il y a encore beaucoup à faire pour assurer la protection des enfants vulnérables au sein des communautés productrices de cacao, selon ICI (International Cocoa Initiative).
Un rapport récemment publié par l’Université de Tulane, commandée par le Ministère du Travail des Etats-Unis, estime qu’il y a plus de 2,1 millions d’enfants travailleurs dans le secteur cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire. Cela représente une augmentation de 21% du nombre absolu d’enfants qui travaillent dans le cacao, et une augmentation de 15,5% de la prévalence du travail des enfants dans le cacao dans les zones de production, entre l’année de référence choisie de 2008/9 et 2013/4. Le rapport montre également un nombre croissant d’enfants astreints au port de charges lourdes et à l’utilisation d’outils tranchants, avec un taux élevé de risques et blessures de travail signalées dans les deux pays.
« Ceci est un cri de ralliement à l’endroit de tous afin de s’engager à faire plus, à faire mieux, et à le faire ensemble », dixit Nick Weatherill, Directeur Exécutif d’ICI. « Nous sommes conscients que notre modèle de protection communautaire de l’enfance a un impact significatif, mais il est nécessaire de le mettre à l’échelle pour toucher un plus grand nombre de communautés agricoles. Il est également nécessaire qu’il soit assorti de politiques et de mesures d’accompagnement initiées par les gouvernements dans les deux pays. »
Surtout, le rapport indique que l’augmentation de 21% du nombre d’enfants qui travaillent dans le cacao est inférieur à l’augmentation de 43% du nombre d’enfants vivant dans un nombre croissant de familles productrices de cacao (qui ont augmenté de 80% en 2008/9) et inférieur à la hausse de 40 % de la production de cacao enregistrée sur la même période. En ce qui concerne la population productrice de cacao, une baisse de 14% de la prévalence du travail des enfants dans les ménages producteurs de cacao a été observée dans les deux pays et une diminution de 16% des pires formes de travail des enfants.
Le rapport montre par ailleurs que la fréquence et la gravité du travail des enfants semblent avoir connu une baisse, avec une amélioration considérable de l’accès à l’éducation dans les zones cacaoyères au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui a permis à plus de 651 747 enfants de fréquenter l’école en 2013/14, par rapport à 2008/9.
« Ces résultats significatifs confirment que, à certains égards, les choses avancent sur la bonne trajectoire. Mais vu la taille du défi, le rythme et l’ampleur des changements sont insuffisants », a ajouté Weatherill. « Des centaines de milliers d’enfants sont encore à risque et nous devons passer à la vitesse supérieure. »
Selon ICI, ceci souligne l’importance et l’actualité de sa nouvelle stratégie qui vise à améliorer la protection de l’enfance en faveur de plus d’1 million d’enfants d’ici 2020, ainsi que de l’initiative CocoaAction de l’industrie qui vise à accroître le développement communautaire et à promouvoir la production durable de cacao, et des récents engagements des gouvernements du Ghana et de la Côte d’Ivoire en vue d’augmenter davantage l’accès à l’éducation et à la protection sociale. « Il est désormais de notre devoir à tous de mettre à exécution ces engagements audacieux et nécessaires » a exhorté Weatherill.
Ayant travaillé aux côtés de l’industrie du cacao, de la société civile et des gouvernements des deux pays pendant les huit dernières années, ICI a été témoin d’une nette évolution dans l’engagement collectif et le financement en faveur de la lutte contre le travail des enfants dans la production de cacao et a pu démontrer l’impact incontestable de ses actions. Dans les communautés où des systèmes efficaces de protection de l’enfance sont mis en place, ICI a vu une augmentation de 19% du nombre d’enfants inscrits à l’école, et une réduction de 20 à 40% du travail des enfants. Mais ces communautés ne représentent encore qu’une petite fraction des milliers de communautés qui dépendent du cacao pour leur subsistance.
« Ce qui a déjà été fait est encourageant, et nous sommes persuadés que le secteur du cacao est en tête des efforts visant à relever un défi complexe qui est commun à de nombreuses chaînes d’approvisionnement de produits agricoles dans le monde. Mais ce rapport nous rappelle à tous, qu’il y a encore beaucoup à faire », a souligné Weatherill.
L’expérience acquise par ICI, a permis de comprendre que la voie à suivre est d’intensifier la sensibilisation des communautés cacaoyères sur les risques pour leurs enfants, de stimuler les revenus des producteurs de cacao, d’améliorer l’accès de leurs enfants à l’éducation, d’autonomiser les femmes et de veiller à ce que les communautés cacaoyères et la chaîne d’approvisionnement soient mieux équipées pour identifier et aider les enfants vulnérables. « Offrir ces solutions à tous les enfants qui en ont besoin, requiert des efforts sans précédent de la part de l’ensemble des acteurs, et même si ceci nécessitera du temps et de la patience, il n’y a pas de place pour la complaisance. »
Cliquez ici pour lire le résumé du rapport Tulane par l’ICI (en anglais)