Dans certaines régions du sud et du centre du Ghana, la culture du cacao et l'exploitation de l'or sont pratiquées dans les mêmes communautés. Cela signifie que les efforts pour lutter contre le travail des enfants et le travail forcé doivent être coordonnés dans les deux secteurs, afin de s'assurer que les personnes à risque dans une activité ne soient pas transférées dans l'autre. ICI, Rainforest Alliance et Solidaridad, avec le financement de l'Agence Norvégienne pour la Coopération au Développement (NORAD), travaillent ensemble pour aborder et prévenir le travail des enfants et le travail forcé dans un certain nombre de ces communautés.
L'objectif est de renforcer la capacité du gouvernement et des autorités locales à identifier, prévenir et traiter le travail des enfants et le travail forcé, d'aider les acteurs de la chaîne d'approvisionnement à mettre en place de bonnes pratiques, qui contribuent à lutter contre le travail des enfants et le travail forcé, et d'aider les communautés elles-mêmes à reconnaître le travail des enfants, le travail forcé et les risques qui y sont associés, en plus de les aider à demander des comptes au gouvernement et aux acteurs de la chaîne d'approvisionnement. Le projet soutiendra directement 10 000 ménages dont les membres de la famille sont soumis au travail des enfants ou au travail forcé, ou risquent de l'être. L'aide sera adaptée aux besoins individuels des familles et comprendra des éléments tels que le soutien à l'accès à l'éducation, le soutien à la création d'Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC) et au développement d'autres activités génératrices de revenus, la formation technique, la création d'entreprises et le renforcement des liens avec les services gouvernementaux. En savoir plus sur le projet.
Renforcer le soutien et les services nationaux et locaux
Un aspect essentiel du travail initial dans le cadre de ce projet de trois ans a été d'identifier les services de soutien existants fournis par les autorités nationales et locales qui sont déjà disponibles pour les communautés ou les individus à risque. Il peut s'agir de travailleurs sociaux, de centres sociaux, de la police ou de services judiciaires.
Une fois les services existants cartographiés, les forces et les faiblesses du système actuel peuvent être identifiées, et un renforcement des capacités peut être mis en place pour améliorer les domaines nécessaires.
"Il est important que les autorités nationales et locales soient soutenues pour être en mesure d'identifier correctement et de fournir des réponses adéquates à un adulte ou un enfant que l'on pense être victime de travail forcé, et que ces réponses soient intégrées dans les services nationaux de protection sociale du Ghana", a expliqué Festus Kwame Kwadzokpo, chef de projet de ICI.
Dans le cadre de cet exercice, plus tôt cette année, un atelier a été organisé avec les départements gouvernementaux et les ministères concernés, le COCOBOD, les syndicats, l'OIT, l'UNICEF, l'OIM et les ONG internationales pour faire le point sur la situation actuelle en matière d'application de la loi et de fourniture de services sociaux, identifier les défis communs et concevoir conjointement une stratégie pour répondre aux besoins identifiés.
M. Eugene Korletey, Responsable du travail au sein du Département du travail du ministère ghanéen de l'Emploi et des rRelations de travail (MELR), a expliqué l'importance de la lutte contre le travail forcé dans le pays : "Le Ghana a ratifié de nombreuses conventions, dont la Convention de l'OIT sur l'élimination du travail forcé. En outre, les lois du Ghana abhorrent le travail forcé. Il est de notre devoir de protéger les droits des travailleurs." Pour lui, le projet aidera le ministère à renforcer son action dans les communautés productrices de cacao et d'or et à soutenir la collaboration avec le secteur privé et les partenaires du développement.
Pour M. Mawuli Avutor, Directeur adjoint de l'éducation publique à la Commission ghanéenne des droits de l'homme et de la justice administrative (CHRAJ), une organisation nationale chargée de protéger les droits humains fondamentaux, le projet aidera l'organisation à renforcer les capacités de ses membres.
"Nous avons plusieurs nouveaux districts avec des agents, qui ont une connaissance limitée du travail des enfants et du travail forcé et nous avons besoin qu'ils soient formés dans tout le pays. Notre participation à ce projet nous aidera également à répondre à ce besoin majeur de la Commission et nous permettra de traiter les questions relatives au travail des enfants et au travail forcé dans le pays, en particulier dans les districts", a-t-il expliqué.
Outils de diligence raisonnable en matière de droits de l'homme pour les acteurs de la chaîne d'approvisionnement
Un autre aspect du projet consiste à s'assurer qu'une Diligence raisonnable en matière de droits de l'homme (HRDD) est effectuée par les entreprises et les coopératives impliquées dans les secteurs de l'or et du cacao.
À cette fin, une étude sur les forces et les faiblesses des différents outils (y compris, par exemple, les Systèmes de Suivi et de Remédiation du Travail des Enfants (SSRTE), le Système de Suivi du Travail des enfants du Ghana, les outils de certification Assess and Address et autres) est en cours afin d'alimenter le développement d'un outil HRDD nouveau ou actualisé. Il est important que l'outil qui en résultera soit simple, sensible au genre et rentable, afin de favoriser son adoption dans les secteurs.
Cet outil nouveau ou mis à jour sera ensuite piloté par des entreprises et des coopératives du secteur du cacao et de l'or et, grâce à une collaboration étroite avec le gouvernement, il sera déployé auprès des agriculteurs et des petites mines, afin de les aider à répondre aux exigences législatives et aux meilleures pratiques actuelles et futures en matière de Diligence raisonnable en matière de droits de l'homme.
Interventions au niveau communautaire
L'étude de base du projet, menée pour explorer les causes profondes du travail forcé et du travail des enfants dans ces communautés, a révélé que la pauvreté était un facteur déterminant. Pour y remédier, le projet adopte une approche centrée sur les femmes et crée des Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC) dans les quarante communautés du projet.
Les AVEC sont des groupes autosélectionnés et gérés par leurs membres qui permettent à ces derniers d'épargner de l'argent et d'accéder à des prêts pour lancer ou développer leurs entreprises. Les membres du groupe font des économies qui peuvent améliorer directement leurs moyens de subsistance. Ce qui contribue à rendre cette approche unique et durable. Dans certaines circonstances, les AVEC peuvent également être utilisées pour relier les membres au secteur financier formel. Les groupes peuvent également favoriser un sentiment d'appartenance, contribuant à renforcer la confiance et l'estime de soi des membres, et sont utilisées comme point d'entrée pour l'éducation et la sensibilisation au travail forcé et au travail des enfants dans les communautés du projet.
En outre, les programmes de protection sociale et de subsistance existants dans toutes les communautés et tous les districts du projet ont été cartographiés, afin que les membres de la communauté puissent être informés de tout mécanisme de soutien existant qui pourrait être utile.
Le travail force est définit par l’Organisation internationale du Travail (OIT) comme «tout travail ou service exigé d’un individu, sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s'est pas offert de plein gré ». Pour les enfants, le travail forcé qualifie un travail accompli en raison d’une peine (ou sous la menace d’une peine) imposée par un tiers autre que ses propres parents. Il pourrait s’agir d’une menace imposée à l’enfant ou à l’un de ses parents. Parfois, les enfants sont contraints de travailler car leurs parents sont eux-mêmes astreints au travail forcé. Le travail des enfants est défini par l’OIT comme un « travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité ». Tout travail effectué par des enfants n'est pas considéré comme du travail des enfants, cependant, lorsque les activités sont dangereuses, comme le port de charges lourdes ou l’utilisation d’outils tranchants, que les heures de travail sont trop longues, ou que le travail interfère avec la scolarité de l’enfant, ces tâches sont qualifiées de travail des enfants et sont donc interdites. |