Longtemps occupés par les hommes, le poste de Relais Communautaire (RC) est de plus en plus occupé par les femmes et le moins que l’on puisse dire est qu’elles forcent l’admiration de tous.
« Les femmes sont déterminées pour atteindre leur objectif et sont plus fiables. En communauté, les enfants se confient facilement à elles », a soutenu Coulibaly Inza, Agent de Suivi et de Remédiation (ASR) à la coopérative Espoir coopérative des producteurs agricoles de Zoukougbeu (ESCOPAG) depuis 2022. Dans la coopérative où il travaille de bon aloi avec 5 femmes RC, il nous explique la bonne entente qui règne entre eux : « Notre force est dans la communication. Plus de 70% des données captant les cas d’enfants travailleurs m’ont été données par les femmes », a-t-il dit.
Le choix des femmes est, selon la Directrice de la coopérative, Ouattara Ama Sylvie né de la volonté du conseil d’administration : « Le Conseil d’Administration a décidé de travailler, il y a environ deux (2) ans, avec les femmes. Cette décision a été encouragée par Tony’s Open Chain qui a également financé les coûts liés au recrutement. Les femmes choisies sont membres de la communauté et ayant des parents producteurs. Cela n’a pas été facile de les intégrer car le milieu a longtemps été occupé par les hommes. Au départ, les hommes étaient sceptiques de travailler avec les jeunes filles. Cependant, elles travaillent bien et la collaboration se passe bien avec les hommes Relais Communautaires ».
Rencontrée en communauté, précisément à Diarrakro, une communauté cacaoyère située à 4 km de Zoukougbeu, N’guessan Aya Adeline, mère de 5 enfants et RC, nous explique en quoi consiste son travail : " En tant que RC, je suis un lien direct entre la communauté où sont les producteurs de cacao et la coopérative. J’envoie la situation réelle des producteurs et je vérifie que les enfants ne sont pas impliqués dans les travaux dangereux. J’échange avec les producteurs sur l’attitude qu’ils doivent adopter avec leurs enfants ", a-t-elle affirmé.
Pour elle, l’activité de RC est passionnante et lui permet d’apporter bien plus à la communauté et particulièrement à la protection de l’enfant. Elle travaille avec passion et prend le temps d’écouter et de répondre aux préoccupations des producteurs. Elle est d’ailleurs soutenue par son mari qui n’hésite pas un seul instant à l’accompagner dans les zones peu accessibles ou à risque. « Il y a des zones où je pars seule mais il y a certaines qui ne sont pas accessibles et je me fais accompagner par mon mari. Avec son soutien, je vais faire mon travail ».
Son mari, Diakité Adama, pour sa part, affirme apprécier ce qu’elle fait en plus de l’aide qu’elle lui apporte. Il revient d’ailleurs sur les raisons qui l’emmènent à l’accompagner en communauté : « j’aime le travail qu’elle fait. De nombreuses femmes ici ne savent pas conduire la moto. Il arrive parfois que ma femme me remorque et c’est un plaisir pour moi. Si cela me gênait, j’allais refuser », nous a-t-il dit. Poursuivant, il affirme que sa femme est toujours prête à aller au travail et lui demande conseils dans le cadre de ses activités professionnelles.
Diabaté Karidja, une autre RC nous partage ce que le poste lui a apporté. Notamment l’indépendance et l’esprit d’initiative et le courage : « Le travail m’a permis d’être indépendante. Avant, ce sont mes parents qui faisaient tout pour moi ; Je ne suis plus timide à force de faire la sensibilisation de masse et de proximité. En ville, les gens trouvent que je suis courageuse et je suis fière que nous les femmes faisons également ce travail », a-t-elle indiqué.