La Walk Free Foundation, une organisation australienne vouée à mettre fin à l’esclavage contemporain et à la traite des êtres humains, a publié la version 2018 de son « Global Slavery Index » le 19 juillet 2018. L’indice fournit un classement pays par pays du nombre de personnes en esclavage moderne, ainsi qu’une analyse des mesures prises par les gouvernements pour y répondre et des facteurs qui rendent les gens vulnérables. Cette année, l’Indice mondial de l’esclavage a comporté un chapitre sur le travail forcé lié au cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire.
en partenariat avec l’Université de Tulane et avec le financement de la compagnie de chocolat néerlandaise et membre de la Fondation ICI, Tony’s Chocolonely et de la Fondation Chocolonely, cette étude vise à estimer la prévalence du travail forcé des adultes et des enfants, ainsi que du travail des enfants, dans l’agriculture cacaoyère au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Selon les résultats, on estime qu’il y a 1,5 million d’enfants – âgés de 10 à 17 ans – qui travaillent en Côte d’Ivoire et au Ghana. Au Ghana, 668 000 enfants étaient astreints au travail des enfants (dont 632 000 effectuant des tâches dangereuses) sur les 708 000 enfants travaillant dans le cacao entre août 2016 et août 2017. En Côte d’Ivoire, le nombre d’enfants travailleurs entre octobre 2016 et novembre 2017 a été estimé à 829 000 (dont 769 000 travaillant dans des conditions dangereuses) sur les 891 000 qui travaillent dans la cacaoculture.
Moins d’un pour cent des enfants qui travaillent sont forcés de travailler par quelqu’un d’autre qu’un parent, au sein de la famille élargie. Cela correspond à un nombre estimé de 2 000 enfants travailleurs forcés en Côte d’Ivoire (0,17%) et 14 000 enfants travailleurs forcés au Ghana (1,98%). L’étude a trouvé des preuves très limitées d’enfants forcés de travailler par quelqu’un en dehors de la famille élargie (0,15% des enfants travaillant dans le cacao ou environ 1.000 victimes du travail forcé des enfants en dehors de la famille).
La Fondation ICI est d’accord avec les conclusions, qui sont cohérentes avec les recherches précédentes sur la question du travail forcé des enfants dans le cacao, qui ont rapporté que 0,4% à 0,9% des 2,1 millions d’enfants qui travaillent actuellement pourraient être victimes, ou à risque, du travail forcé des enfants.
Les résultats ont également mis en lumière le problème du travail forcé des adultes dans le secteur du cacao, où les chercheurs ont constaté qu’environ 13 300 adultes (3 700 au Ghana et 9 600 en Côte d’Ivoire), soit 0,39 % des travailleurs adultes dans les deux pays, ont été soumis au travail forcé entre 2013 et 2017. Si l’on ajoute les cas potentiels de travail forcé des enfants, cette estimation de près de 30 000 enfants et adultes en travail forcé dans la cacaoculture est un rappel d’un problème extrêmement complexe qui mérite une attention particulière et une action urgente et décisive de la part de toutes les parties.
Le rapport reconnaît les efforts déployés par les entreprises et les gouvernements pour lutter contre l’exploitation des enfants dans le cacao dans le cacao, comme le système de surveillance du travail des enfants et d’assainissement. Cependant, la Walk Free Foundation souligne l’importance limitée accordée au travail forcé des enfants et des adultes dans le cacao et la quantité relativement faible de données recueillies à ce jour.
La Fondation ICI se félicite de la publication de l’Indice mondial de l’esclavage et, en particulier, de la section sur le travail forcé dans les zones de culture du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les résultats révèlent que le risque de travail forcé est présent dans les deux pays et nous fournit des connaissances importantes que nous utiliserons pour adapter nos interventions afin de mieux faire face au travail forcé dans la cacaoculture.