Carrefour Cavally droite, une communauté située à 24km sur piste de Grabo en Côte d’Ivoire. Une communauté peu accessible devenue officiellement depuis peu, le centre d’attention de tous dans le département de Tabou. En effet, y a été construite par la fondation ICI, avec l’appui de Mars Wrigley et d’Olam Cocoa, une école formelle, inscrite sur la carte scolaire par les autorités de l’éducation nationale après sa construction. Elle est composée de trois salles de classe, d’un bureau de directeur et d’un bloc de trois latrines, accompagné d’un dispositif de lavage de mains et d’entretien des latrines. On note la conception d’un système ingénieux de lavage de mains et d’entretien des toilettes par de l’eau rendue disponible en permanence, grâce à un espace de collecte et stockage d’eau de pluie au-dessus du bloc de latrines. Ce sont donc des enfants joyeux et impatients d’inaugurer leur école, l’Ecole Primaire Publique (EPP) Déohako, que nous avons rencontrés le 16 Mars dernier à Carrefour Cavally droite.
Kramo Moaye Christ Salomon, âgé de 9 ans et en classe de Cours Moyen 1ère année (CM1) fait partie des enfants heureux d’avoir une belle école. Lui qui jusque-là, n’avait qu’une école de fortune peu éclairée : « Je trouve mon école belle à cause de la peinture et des nouveaux bancs », nous a-t-il dit tout admiratif. C’est également le cas d’Essi Affoua Donatienne, âgée de 12 ans et en classe de Cours Moyen 2ème année (CM2). Contrairement à Salomon qui habite dans le village, Donatienne vit avec ses parents à 1km de l’école, précisément au campement Attakro. Tous les matins, aidée de sa mère, elle se prépare et munie de son déjeuner, se rend à l’école. Elle aussi est très heureuse de son école « Si le maitre me dit de venir dans la nouvelle école, je vais m’y rendre sans hésiter », nous a-t-elle dit.
Comme Donatienne, de nombreux enfants, vivant dans les campements situés aux alentours de Carrefour Cavally droite, fréquentent à Cavally droite. En raison de la construction de l’école équipée d’un dispositif d’hygiène, Carrefour Cavally droite est devenue la communauté par excellence de l’éducation pour les parents, qui n’ont pas de tuteurs pour leurs enfants à Gnato, « l’une des plus belles écoles de notre inspection », a laissé entendre M. Koffi Ettien, Inspecteur de l’Enseignement Préscolaire et Primaire Public (IEPP), lors de la remise officielle des clés de l’école, le 17 mars dernier.
Du Centre d’Éducation Communautaire de fortune à une école formelle équipée
L’histoire de l’école primaire publique de Carrefour Cavally droite captive. Elle a connu une évolution qui édifie et fait la fierté de la communauté aujourd’hui. « On avait des classes en banco [matériau local de construction à base de sable]. J’étais le trésorier de la caisse des parents d’élèves pour payer les enseignements bénévoles. C’était une école communautaire. On a voulu, par la suite, la construction d’une école. L’école formelle est située à Gnato à 12km d’ici », nous a dit Koffi Ya, président du Comité de Protection de l’Enfant (CPE) depuis 2018. Il est par ailleurs planteur de cacao et responsable des planteurs relais à la coopérative SOCAG. « Ce n’était pas aisé pour un parent d’envoyer son enfant à Gnato s’il n’avait pas de tuteurs », a-t-il fait savoir. C’est donc pour cette raison que la communauté a construit une école de fortune en banco, afin de permettre à la majorité des enfants d’être scolarisés sur place. « Sur 100 enfants, 30 allaient à Gnato. S’il n’y avait pas d’école de fortune, les autres enfants seraient restés ainsi, sans être scolarisés », a-t-il dit.
Pour Monsieur Kramo Boka Ernest, ancien directeur du Centre d’Éducation Communautaire (CEC), père de Kramo Moaye Christ Salomon et enseignant bénévole, la tâche n’a pas été facile aussi bien pour les parents que pour eux. « Je suis venu ici en 2010. Les bâtiments étaient en terre battue avec une bâche au-dessus. La toiture s’effritait au quotidien. C’est en 2015 que les parents ont construit ce bâtiment de 3 classes en terre battue crépie. Chaque enseignant avait deux classes. Nous étions 3 », nous a dit l’enseignant qui est désormais heureux de voir une école avec toutes les commodités pour enseigner les enfants au sein de la communauté. « C’est en 2020, que la fondation ICI, après échange avec les parents, a décidé de la construction d’une école. La fondation de l’école a été faite. Au retour de mes congés, le bâtiment était là. J’étais content, car même avec 50 élèves, il y a encore de l’espace pour circuler dans la classe ». Ce qui n’était pas possible dans l’ancienne école.
Si l’on s’en tient à ses propos, les conditions meilleures pour dispenser les cours sont un avantage pour les enfants, qui ne subiront plus également les affres de la chaleur et de la pluie, le peu d’éclairage et le mobilier vieillissant auquel ils se conformaient, faute de mieux. Comme l’a signifié Koffi Kouamé Innocent, représentant des élèves, à l’occasion de l’inauguration de l’école, le 17 mars dernier « Nous travaillerons désormais dans un cadre agréable, spacieux et propre. Nous vous promettons de garder l’espace propre, d’apprendre nos leçons, afin que vous soyez fiers de nous ». Des propos tenus et allant dans le même sens que Kramo Boka Ernest : « Je suis désormais à l’aise pour travailler. Les salles sont aérées et il ne fait pas chaud à l’intérieur. Je suis content (…) Il faut noter que nous avons eu le plus grand effectif cette année. De 90 élèves en moyenne les années précédentes, nous sommes passés à 139. Car, les parents des campements situés aux alentours ont envoyé leurs enfants ici et c’est sûr que l’année prochaine, l’effectif va encore doubler », a-t-il affirmé.
Etaient présents à la remise officielle des clés de l’école, M. Gueu Ven Jean Noel, Sous-préfet de Grabo, M. Sefon Inza représentant d’Olam Cocoa, M. N’guessan Simon, Administrateur De Groupe (ADG) de la coopérative SOCAG, M. Koffi Ettien, l’Inspecteur de l’Enseignement préscolaire et primaire public et le chef de village de Gnato, Tanou Saboua Yves.
A cette occasion, Le représentant d’Olam Cocoa a souligné l’importance de son implication dans le cadre de la réduction du travail des enfants dans la cacaoculture dans la chaîne d’approvisionnement : « Assurer l’accès à l’éducation est primordial pour aborder la problématique du travail des enfants dans la cacaoculture. Nous sommes résolument engagés à travailler de concert avec nos clients et fournisseurs pour faire passer les enfants en priorité en Côte d’Ivoire », a-t-il fait savoir.