Une matinée à Pinhou, communauté cacaoyère située à 24km de Téady en Côte d’Ivoire, où vit une commerçante et productrice de cacao, dame Meho Posson Honorine, précisément au quartier Liga. Affairée avec sa clientèle, elle reçoit la présence de certains villageois venus lui rendre visite. Voici ainsi racontée son histoire :
Propriétaire d’un simple bistrot de boissons et personne anonyme, elle est devenue aujourd’hui une véritable femme d’affaires incontournable ; une femme active dans la communauté. La clé de cette belle réussite a été son intégration à la Cellule Féminine de Renforcement Economique (CFREC). Comme elle nous l’a signifié, la CFREC lui a été d’un apport inestimable : « La CFREC m’a fait beaucoup de bien, ma famille et moi. Cette année, j’ai scolarisé mes enfants. J’ai déjà tout réglé, y compris la scolarisation de mon fils à Duékoué. J’ai un fils qui a eu le bac. Je dois l’accompagner à Abidjan », nous a-t-elle affirmé, le sourire aux lèvres.
Les CFREC sont des groupements d’entraides mises en place par la fondation ICI. Elles visent à soutenir l'accès des femmes rurales aux ressources financières et pour leur autonomisation. Ayant intégré l’an dernier la CFREC, dame Honorine est aujourd’hui propriétaire de deux champs d’hévéas, et d’un champ de cacao de 2ha. Elle est aussi propriétaire d’une bâche, d’un lot de 100 chaises avec lesquels elle fait de la location. Elle ne s’est pas arrêtée là !
Honorine, mariée et mère de 5 enfants à Pinhou, avait des difficultés à prendre en charge sa famille. Son époux qui était aide-maçon éprouvait les mêmes difficultés. La CFREC Honorine en a entendu parler par celui qui est leur coach, M. Willy Jean, un producteur de cacao.
Trois mois après son intégration à la CFREC en 2020, Honorine a obtenu un prêt de 100 000 Fcfa. Avec ce prêt, ses économies, et sous les conseils avisés du coach, elle s’octroie un champ d’hévéa. Quelques mois plus tard, en raison de son dynamisme et de son courage, le coach incite leur groupe de CFREC à se faire bancariser. Les femmes obtiennent donc un prêt de 3 000 000 Fcfa de la groupe micro-finance, Advans, qui a accepté de les accompagner dans ce projet. « Avec la CFREC, Advans nous a incité à ouvrir un compte chez eux. J’ai eu un prêt de 700 000 Fcfa. Avec cet argent, j’ai pris un champ d’hévéa et de cacao de 2ha », a-t-elle dit. Elle achète également 3 mini panneaux solaires et un congélateur en vue de débuter la commercialisation de boisson et d’eau fraiche.
Avec son mari, ils exploitent ensemble les champs et les bénéfices récoltés leur permettent de subvenir au bien-être de leurs enfants : « C’est avec ces champs que nous avons mis nos enfants à l’école. C’est grâce à la CFREC que je suis débout (NDLR : Je mène plusieurs activités). Quand mon mari est en déplacement et que l’enfant a des affaires à acheter à l’école, je ne l’attends pas. Je gère tout et je l’informe à son retour. »
« Pour la première cueillette, j’ai eu un bénéfice de 180 000 Fcfa qui m’a permis de rembourser le premier prêt octroyé. J’ai ensuite payé une bâche pour faire de la location et avec les revenus, j’ai acheté 100 chaises », nous a confié Honorine en nous faisant comprendre par la même occasion que la location de brouettes peut lui rapporter au moins 15000 Fcfa par mois. Pour son mari, Noël Ganhou, leurs difficultés, sont loin derrière eux : « Quand j’étais apprenti-maçon, c’était difficile. Un patron m’aidait pour l’école des enfants. Elle (NDLR : son épouse) attendait toujours que je donne de l’argent », a-t-il dit avant de reconnaitre que tout a changé désormais : « Aujourd’hui, si on me considère dans la famille et dans la communauté, c’est à cause d’elle. Je m’occupe des champs. En tout cas, tout va bien ».